7 Le négoce d’énergie et de matières premières dans un environnement en mutation

Vue d’ensemble du secteur

Le secteur du négoce des matières premières a connu une croissance positive au cours des cinq dernières années et continue de bénéficier de solides perspectives d'avenir, malgré certains défis spécifiques à relever (notamment la volatilité des prix, la liquidité et la géopolitique).
Les bénéfices du négoce de matières premières ont presque doublé entre 2018 (EBIT de 27 milliards de dollars) et 2021 (EBIT de 52 milliards de dollars). La croissance des bénéfices du négoce pétrolier a été la plus importante, avec une augmentation de plus de 90 % pour atteindre 18 milliards de dollars. Les ventes d’électricité et de gaz sont passées de 7 milliards de dollars à 13 milliards de dollars.
Les perspectives positives du marché attireront probablement de nouveaux entrants et la concurrence continuera de s’intensifier.
Cela dit, la transition énergétique en cours touche les secteurs de l'alimentation, de l'énergie et des matériaux et, du point de vue du négoce des matières premières, cette transformation devrait i) accroître la volatilité structurelle, ii) perturber les flux commerciaux et iii) ouvrir la voie à de nouveaux arbitrages.
Parallèlement, les tensions et les crises géopolitiques continueront à provoquer des tensions ponctuelles ainsi que des défis commerciaux structurels en 2024.

Portefeuilles de valeur des marchandises négociées de 2017 à 2021

Source: McKinsey & Company

Transition énergétique et géopolitique : redéfinition structurelle de la volatilité

S’il ne fait aucun doute que la décarbonisation présente des avantages économiques et environnementaux importants, l’incohérence des politiques incitatives, les goulots d’étranglement dans la chaîne d’approvisionnement et les turbulences géopolitiques actuelles ont conduit à une plus grande opacité autour de la dynamique de l’offre et de la demande.
D’un point de vue géopolitique, il est clair que : i) la pandémie a entraîné une augmentation des mesures protectionnistes de la part des gouvernements, ii) la guerre en Ukraine et les évolutions récentes au Moyen-Orient provoquent un changement dans les chaînes d’approvisionnement et une incertitude future.
La réduction de l'approvisionnement énergétique de l'Europe par la Russie a conduit l'Union Européenne à recourir à des importations provenant de zones géographiques plus éloignées telles que l'Amérique latine, le Moyen-Orient, les États-Unis et l'Afrique de l'Ouest. En conséquence, les navires transitent plus longtemps et l'optimisation du fret a désormais un impact plus important sur les marges (les coûts de transport maritime ont augmenté de manière significative depuis le premier trimestre 2021).
En ce qui concerne les matières premières agricoles, la guerre en Ukraine a fortement perturbé les exportations depuis la mer Noire, ce qui a des répercussions sur d'autres exportateurs de matières agricoles déjà touchés par la sécheresse et l'inflation des prix, les conduisant à limiter les flux pour maintenir la sécurité alimentaire.
La volatilité persistante des prix des matières premières qui en résulte a permis aux négociants d'accéder à des alternatives physiques pour exploiter les opportunités de revenus, par exemple en réacheminant les flux, en optimisant le fret et en exploitant les actifs de stockage (ce qui crée également de nouveaux risques pour le bilan).

Les négociants en matières premières auront de nouvelles opportunités grâce à l’évolution des flux commerciaux

Opportunités de trading de matières premières

Remarque : Scénario : réduction totale des échanges énergétiques russes et chinois avec l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), le Conseil de coopération du Golfe (CCG) et les membres de l'OCDE. La perte du gaz russe au profit de l’Europe nécessite une réduction de la demande européenne en raison de la capacité limitée d’importation et d’exportation à l’échelle mondiale. « Capacité d'expédition maximale et capacité d'exportation du marché agricole national, capacité d'importation maximale sur certains marchés d'Europe et fixation des prix par la demande.

Source: McKinsey Analysis

Goulot d’étranglement du financement

Les besoins en fonds de roulement pourraient être multipliés par 1,5 jusqu’à 3 par rapport aux niveaux actuels, en fonction des matières premières concernées.
La position des banques centrales a entraîné une augmentation des coûts de financement des entreprises, en particulier pour les petits et moyens négociants de matières premières. Toutefois, cette situation a donné l'occasion aux grandes entreprises du secteur, qui sont plus actives sur le marché de l'assurance, de financer les petits acteurs.
L'assurance-crédit a été largement utilisée par le secteur du négoce de manière récurrente ou ponctuelle, afin d’atténuer les risques et soutenir le financement bancaire. Dans un contexte de hausse des taux d'intérêt, les grandes entreprises ont de plus en plus tendance à recourir à l’assurance-crédit pour octroyer des délais de paiement aux petites structures, se mettant alors en concurrence avec le secteur bancaire.
La flambée des prix de l'énergie au premier trimestre 2023 en Europe a entraîné des insuffisances de garanties pour couvrir les risques de contrepartie dans le secteur du commerce des matières premières, et cette situation pourrait se reproduire cet hiver. Les solutions de cautionnement sont de plus en plus utilisées pour couvrir les obligations de résultat en remplacement de garanties plus onéreuses. Il n'y a pas de frais de non-utilisation du produit et il n'y a pas de restriction sur les facilités bancaires, contrairement aux lettres de crédit et aux produits de garantie bancaire.
Les négociants en matières premières ont subi d'importantes pertes liées à la violence politique et à la guerre en Ukraine à la suite du déclenchement du conflit, en particulier pour le soja, les céréales, le blé et les produits à base d'orge. Nous avons également constaté une augmentation des mesures protectionnistes de la part des gouvernements (exemples: interdictions d'exportation de riz en Inde, restrictions à l'exportation de bauxite en Indonésie…).
Les solutions d’assurance en Risques Politiques permettent de se prémunir contre la confiscation et l'expropriation des stocks de marchandises fixes et mobiles. Elles couvrent i) la violence politique, ii) la guerre, iii) le risque d'embargo sur les importations et les exportations, ainsi que iv) le risque d'inconvertibilité des monnaies. L'interruption d'activité et la perte de revenus qui résultent de l'annulation ou du retrait des licences d'exploitation peuvent également être couvertes.

Solution sur mesure d'Aon pour les négociants en matières premières et en énergie

Les flux commerciaux de matières premières continuant d'augmenter, le rôle des solutions de crédit pour atténuer les risques, fournir des liquidités et remplacer les exigences onéreuses en matière de garanties reste plus que jamais clé.

James Ponsford, Responsable Commercial Aon – Zone Asie, s’exprimant à GTR Singapore le 5 septembre dernier