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Le resserrement monétaire mondial exerce une pression sur le commerce et les défaillances
- Dans le contexte du resserrement monétaire pour lutter contre l’inflation, la pression s’est accrue sur le système bancaire. Celle-ci a émergé brusquement à la fin du 1er trimestre 2023, avec des réponses rapides des autorités locales.
- En Europe, les problèmes du Crédit Suisse sont apparus le 15 mars, lorsque la Banque nationale saoudienne a exclu tout investissement supplémentaire dans l’entreprise. Le cours de l’action a plongé à son plus bas niveau historique, d’autres banques européennes ayant également été touchées. UBS a acheté Credit Suisse avec une décote de 60%, accompagnée par un soutien de trésorerie de 100 milliards de francs de la Banque nationale suisse.
- Le risque d’une crise bancaire de grande ampleur reste minime, principalement en raison du renforcement de la position globale des banques en matière de fonds propres depuis la crise financière mondiale, grâce aux réformes réglementaires.
- Comme les banques continuent de faire face à des risques de baisse du cours des actions et de pertes sur le côté actif du bilan, leurs prêts seront limités, ce qui implique moins d’investissements et de croissance économique dans l’environnement des affaires ainsi qu’une consommation moindre de biens durables. Les outils d’atténuation des risques, comme l’assurance-crédit, devraient continuer d’être des solutions cruciales pour soutenir le financement du commerce.
Les cours des actions des banques européennes et américaines ont baissé
Base des banques d’actions, 1998 = 100
Source: Macrobond
Variation du PIB en glissement annuel : croissance plus faible et risques élevés de récession
Source: Refinitiv, Datastream, Allianz Research
- Bien que le taux de ralentissement de la demande ne se détériore pas davantage, il n’y a, à ce stade, aucun signe de reprise imminente. Même si l’inflation semble avoir atteint son sommet et que les cycles de hausse des taux d’intérêt devraient bientôt prendre fin, l’économie réelle n’a pas encore complètement digéré leurs effets négatifs.
- La demande mondiale au deuxième trimestre 2023 indique une meilleure performance que prévu, principalement tirée par les services (aux consommateurs), mais avec un dynamisme limité pour le commerce mondial.
- Le secteur manufacturier mondial est toujours confronté à une faible demande et à une offre excédentaire, ce qui réduit les flux commerciaux de biens qui sont revenus au niveau d’octobre 2021.
- Les chaînes d’approvisionnement mondiales et les taux de fret des conteneurs continuent de se normaliser. La reconstitution des stocks, l’augmentation des capacités de production et l’affaiblissement de la demande signifient que le secteur manufacturier mondial a globalement été débarrassé des perturbations de la chaîne d’approvisionnement et des pénuries d’intrants depuis le second semestre 2022.
- Il semble probable que l’on puisse continuer à s’attendre à une récession commerciale, et les risques sont probablement minimisés par rapport aux prévisions du commerce mondial pour 2023 et 2024.
- Le rebond des défaillances d’entreprises s’accélère : l’indice Allianz Global Insolvency Index devrait bondir de +21 % en 2023 et de +4 % en 2024. La moitié des pays dépasseront probablement leur niveau d’insolvabilité d’avant la pandémie en 2023, et trois sur cinq en 2024.
- Une croissance plus faible en 2023 et 2024 aura un impact significatif. On estime que la zone euro et les États-Unis auraient besoin de 1,3 point de pourcentage (pp) et 1,5 pp de croissance supplémentaire du PIB en moyenne en 2023-2024 pour stabiliser le nombre de faillites. Le nombre de défaillances pour les entreprises de plus de 50 M€ de chiffre d’affaires est désormais légèrement supérieur aux niveaux d’avant la pandémie (les secteurs de la construction, du commerce et des services sont les plus touchés).
- La pression prolongée sur la rentabilité, la faiblesse des réserves de trésorerie et le resserrement des conditions financières mettent à l’épreuve la résilience des entreprises les plus fragiles. La trésorerie continue d’être une priorité importante, mais les pratiques de gestion du crédit se sont détériorées selon les dernières données d’Allianz concernant les besoins en fonds de roulement.
- La récente tourmente bancaire a été un rappel brutal de 2008-2009, lorsque la crise financière avait agi comme un catalyseur massif d’insolvabilités. Les cinq principaux facteurs qui peuvent mettre une entreprise en difficulté sont: i) la diminution du chiffre d’affaires, ii) la difficulté d’accès au crédit, iii) les changements réglementaires pour les banques, iv) la volatilité des devises et v) les perturbations de la chaîne d’approvisionnement.
Hausse des indices d’insolvabilité d’Allianz Trade, base 100 en 2019
Source: Allianz Research